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ChroniquesPublié le 19 avril 2022

Handicap et travail - Chronique Radio Balise 19 avril Judith MENOU

"Je vais passer la parole à Judith Ménou de la Clinique du Travail. Infirmière, stomathérapeute, très investie bénévolement dans l’orientation des jeunes, passionnée par les métiers, elle s’intéresse particulièrement à la conduite du changement et à la prévention. Porteuse du projet « ApprenTYsageS », elle a choisi de nous parler de handicap et de travail.

Quelques éléments chiffrés

Bonjour à toutes et à tous. Merci Emmanuel de me permettre d’évoquer la question du handicap et plus particulièrement en entreprise. 1 actif sur 10 est en effet concerné par une situation de handicap. 1 personne sur 2 risque un jour de voir ses capacités altérées. Seulement 15% sont handicapés de naissance (ou depuis leur petite enfance). Le handicap est donc le plus souvent la conséquence d’une maladie ou d’un accident.

Différents chiffres pour que l’on puisse prendre conscience que le handicap nous touche tous de près ou de loin, à un moment ou à un autre. Nous avons en tête l’image d’un fauteuil roulant (handicap moteur) quand on parle de handicap…pourtant 80 % d’entre eux sont invisibles comme certains troubles psychiques, l’autisme, la déficience auditive, le diabète, l’endométriose… cela concerne 10 millions de personnes ! Notre territoire fait figure de précurseur dans le domaine du handicap. Depuis plus de 50 ans, différents acteurs (collectivités, entreprises, associations, établissements de soins, citoyens) se mobilisent pour que Lorient Agglomération soit un modèle de territoire inclusif, particulièrement depuis 2020 au travers du projet Handicap Innovation Territoire.

Parler de la différence

Alors, si les initiatives sont nombreuses dans ce domaine, pourquoi ce sujet souffre-t-il encore de préjugés ? En grande partie par méconnaissance…car la différence fait encore peur. Nous ferons un grand pas en luttant contre les idées reçues, les croyances limitantes. Nous avons tous à y gagner et c’est vraiment l’affaire de tous !La dernière enquête d’opinion sur la jeunesse, menée par l’IFOP en 2021 auprès des 18-30 ans, révèle leur très fort attachement à l’égalité, à la lutte contre les discriminations. Il y a là de quoi être optimiste.

En croisant les approches, les regards, le handicap doit être associé à la force d’un ATOUT, et non plus à un TABOU.

Parler du handicap pour avancer!

"Oui, exactement Emmanuel. En évoquant ce sujet, comme nous le faisons aujourd’hui au travers de cette chronique, nous permettons aux salariés concernés de sortir de l’ombre. Le handicap, invisible ou pas, est une réalité !J’irai plus loin, c’est une opportunité ! Prendre en compte le handicap, c’est favoriser la mise en place d’un environnement accueillant et donc offrir une meilleure qualité de vie au travail à l’ensemble des salariés. En effet, il ne s’agit pas de s’apitoyer, l’état de santé reste une information confidentielle. L’employeur n’a pas à parler de la déficience de la personne. Son rôle est d’accompagner le salarié pour lui permettre d’exercer son métier dans des conditions adaptées à sa situation. Les personnes en situation de handicap développent des moyens de compensation efficaces, de véritables stratégies pour faire autrement. Leur situation ne nécessite pas toujours des aménagements techniques ou organisationnels. Parfois, une sensibilisation du collectif peut suffire à favoriser l’insertion professionnelle. Plusieurs types de solutions existent et peuvent se combiner entre elles. La pluridisciplinarité est essentielle et garantit la mise en place de solutions pérennes. La reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) ouvre, grâce à ce statut spécifique, des droits pour la personne et son employeur. Ces aides financières et humaines ne sont pas négligeables. Elles n’ont qu’un objectif, faciliter l’intégration en proposant des solutions personnalisées, réajustables dans le temps.

Une chose est sûre, pour favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap, nous avons tous un rôle à jouer. Le médecin du travail est le premier interlocuteur au niveau du service de Santé au Travail. Des services RH, aux Instances Représentatives du Personnel, aux structures spécialisées (AGEFIPH, MDPH, CPAM…), les ressources sont nombreuses.

Aborder ce sujet le plus en amont possible, c’est prévenir le risque d’inaptitude. Il apparaît primordial de ne pas laisser se dégrader la situation de la personne. Les marges de manœuvre sont souvent très restreintes lorsque l’on traite une situation dans l’urgence. Anticiper, intégrer d’autres façons de faire et d’autres façons de voir, c’est élargir le champ des possibles. Au-delà des compétences techniques, cela revient concrètement à valoriser les compétences relationnelles dites « soft-skills ».

J’ai envie de conclure par deux réflexions : « l’équilibre d’une équipe, d’une société ne repose-t-il pas sur la diversité des profils ? » et pour faire un clin d’œil à la belle initiative du restaurant Le Mesclun à Lorient, « ne sommes-nous pas tous des êtres EXTRAORDINAIRES ? »

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