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ChroniquesPublié le 02 avril 2024

« La santé mentale du dirigeant, quand est-ce qu’on en parle ? », chronique Radio Balises, Pierrick THOMAS

La dernière fois j’étais passé vous parler de la santé mentale en entreprise. Aujourd’hui, je vais aborder plus particulièrement celle des dirigeants et donner quelques indicateurs pour savoir quand il faut alerter ou s’alerter.

Gaël Conan a déjà abordé en novembre le Burn Out du Dirigeant. Souvent on pense que c’est le problème principal qui les concerne ?

Les problématiques de surinvestissement qui mènent au Burn-out sont récurrents mais on observe également d’autres troubles qui sont délétères pour les personnes et les entreprises. Et le phénomène s’intensifie de façon inquiétante. Certains chiffres montrent qu’un tiers des dirigeants d’entreprises avec plus de 1 salarié ont des troubles du sommeil et 45% se sentent souvent voir tous les temps fatigués.

De quels troubles parle-t-on ?

Il faut peut-être qu’on se mette d’accord sur une définition d’un trouble. Pour faire simple on peut déterminer qu’on a un trouble psychique lorsque l'état de bien-être est changé. Il faut que cela dure dans le temps, quelques semaines et qu’il y ait des répercussions sur la vie de la personne : problème de concentration ou de motivation, isolement social, fatigue excessive, etc… Si vous avez les trois, vous êtes face à un trouble psychique. Sur les formes graves on peut voir apparaitre des pathologies qui seront plus ou moins gênantes pour le fonctionnement d’un Dirigeant : des crises d’anxiété, une dépression, une perturbation de la réalité ou un comportement inadapté auprès des clients, des salariés ou des proches. L’adaptation aux situations inhérentes à la fonction de Dirigeants est altérée avec des répercussions plus ou moins perceptibles sur la vie personnelle ou pour l’entreprise.

Si c'est le cas il vaut mieux consulter un médecin?

Effectivement. Il est primordial d’avoir un avis médical par les services de santé au travail ou son médecin traitant. Cependant, la difficulté aujourd’hui est que beaucoup de Dirigeants ne font pas appel aux professionnels de santé. La raison est parfois le manque d’accessibilité des professionnels mais surtout pour des raisons qui sont propres aux dirigeants d’entreprises : 70% des dirigeants estiment ne pas pouvoir s’arrêter ou qu’afficher une mauvaise santé mentale serait un aveux de faiblesse.

Quand faut il alerter ?

Dès que les problématiques d’adaptation se font sentir ou que l’entourage se met en alerte. Le vieil adage « il vaut mieux prévenir que guérir » prend encore plus de sens au sein des entreprise. Il est essentiel de ne pas rester seul dès les premiers signes. Il faut en parler même si parfois les mots sont durs à trouver. Il y a toujours une solution mais elle n’est pas toujours simple à trouver. Surtout quand on a un cerveau qui n’est pas au meilleur de sa forme. On ne peut pas faire un marathon avec une jambe blessée. Gérer une entreprise c’est pareil. Il faut s’entourer.

Vous pensez que les proches et les collaborateurs peuvent aider un dirigeant qui est généralement seul à la tête de son entreprise ?

C’est essentiel. On est capable de délégué sa comptabilité, la gestion des ressources humaines, la sécurité. C’est essentiel pour la survie d’une entreprise, il faut également apprendre à recevoir de l’aide quand notre santé mentale est altérée. Ça s’apprend. Comme le reste. Plus facile à dire qu’à faire mais ça s’apprend. On peut aborder les troubles sous deux angles : les signes et les symptômes. Les signes correspondent à ce qui se voit. Il est rare que les troubles psychiques ne se voit pas chez un dirigeant. L’entourage n’ose parfois pas aller plus loin que le « Bonjour Ça va ? » Et bien il faut aller plus loin. Si on se trompe ce n’est pas grave. Et si vous avez peur de ne pas trouver les mots pour aider, sachez qu’une simple présence aide beaucoup une personne qui souffre.

Et pour les symptômes ?

Les symptômes c’est ce que dit la personne de façon subjective. Si une personne dit souffrir d’une façon ou d’une autre alors il faut l’écouter, sans juger. On arrête le travail et on écoute. Une entreprise peut paraitre bien fonctionnée de l’extérieure mais il faut savoir que la santé d’une entreprise n’a rien à voir avec la santé mentale de son dirigeant.

Et si la personne ne souhaite pas être aider ?

Il faut parfois laisser le temps. Ce qui est important c’est de ne pas laisser la personne seule si vous observer un changement de comportement qui s’installe dans la durée. Soit celavous

parait urgent et vous alerté un professionnel de santé. Soit, vous laisser le temps et l’opportunité à la personne de revenir à vous. Parler de ses difficultés c’est laisser rentrer quelqu’un dans son intimité. Il faut y être autorisé. C’est comme si vous veniez chez moi sans prévenir pour diner. Il y a de fortes chances que je ne vous autorise pas à rentrer. Si en revanche, on prévoit ça dans quelques jours. J’aurai le temps de me préparer et là ça peut être envisageable. J’inviterais peut-être toute l’équipe.

Ca ne parait pas très simple...

Simplement par ce que ça n’est pas dans la culture professionnelle Française. Un Patron doit gérer, tout et tout le temps et ça c’est impossible. Rares sont ceux qui le peuvent. Et c’est comme tout, plus on se prépare aux coups durs, plus c’est facile, alors je prône la prévention.

Le code du travail n’est pas fait que pour les salariés. En effet, il impose dès le premier salarié une prévention des risques psychiques mais les actions de prévention sont aussi valables pour les dirigeants. Il y a les numéros d’appel comme le 3114 pour la prévention ou la prise en charge d’une crise suicidaire. Vous trouverez tous les numéros sur les sites du gouvernement. Il y a aussi les associations comme Apesa qui propose des soutiens psychologiques aux entrepreneurs ou les réseaux professionnels, les mutuelles, etc... Les professionnels de l’accompagnement comme je le fais sont aussi une ressource pour trouver des solutions adaptées au dimensionnement ou aux spécificités de chaque entreprise. Il faut casser l’idée reçue que la prévention des risques psychiques en entreprise à un coût sans assurance de bénéfices. C’est faux ! Les bénéfices sont humains et financiers ! Donc faites-le !

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