ChroniquesPublié le 14 novembre 2023
Entreprendre, être dirigeant sans s’épuiser c’est possible ? Gael Conan, chronique Radio Balises 14 novembre
En participant à de nombreuses rencontres, dans les réseaux professionnels ou avec des entrepreneur(e)s, je me suis rendu compte que cette épée de Damoclès est présente en permanence dans leur quotidien, et donc, dans le mien aussi.
Et puis, en faisant de la veille sur mon sujet favori, l’épuisement professionnel, je suis tombé sur une étude de l’Observatoire AMAROK qui date de 2019 et qui déjà, était alarmante.
C'est quoi cet observatoire ?
C’est une association fondée en 2009 par Olivier Torrès, un professeur des universités de Montpellier, spécialiste des PMEs.
Il s’intéresse à la santé des personnes appelés TNS (Travailleurs Non Salariés) que sont les dirigeants et dirigeantes de TPE, les artisans, commerçants et professions libérales.
Pour en revenir à cette étude de 2019, donc avant le COVID et les guerres actuelles, elle indiquait qu’un dirigeant sur deux était considéré comme « à risque de Burn-out ».
Et parmi ceux-ci 10% étaient « à risque très élevé » et 17% à risque élevé ».
Quels sont les facteurs qui favorisent l'épuisement chez le dirigeant?
Certains stresseurs externes sont bien connus, comme la pression du chiffre d’affaires, des délais de livraisons, de rater un contrat ou d’avoir un mauvais retour client… Parfois aussi, des soucis avec l’administration pour des oublis de déclarations, des normes dont on n’a pas forcément conscience…car l’entrepreneur est parfois étourdi et n’aime que ce qui fait le coeur de son métier, ce pourquoi il a décidé de se mettre à son compte.
Depuis cette étude de 2019, se sont ajoutés les problèmes de recrutement et le changement d’attitude des salariés concernant la place du travail dans leur vie.
Et puis, il y a aussi nos propres stresseurs internes qui peuvent nous paralyser. Celui qu’on appelle le syndrome de l’imposteur, qui nous fait douter de notre propre valeur par manque d’estime de soi.
L’image aussi qu’on veut renvoyer aux autres en étant fort et forte et que j’appelerais le syndrome de superman ou de wonderwoman. La peur d’échouer, de tomber malade, du regard des autres si le succès n’est pas au rendez-vous…
Comment éviter de sombrer et de tomber en burn out?
Petit rappel, pour ceux qui ne le savent pas, le burn-out est lié au sur-engagement, au don de soi et se traduit par un épuisement physique et psychique total, du cynisme, une perte d’empathie, et une perte de confiance en soi.
Les conséquences sont lourdes pour la personne qui le subit, mais aussi son entourage et donc son entreprise car l’incapacité de travail peut aller de plusieurs semaines à plusieurs années.
Certains signes avant-coureurs peuvent nous alerter comme des problèmes de sommeil, des douleurs ou maladies récurrentes, une fatigue persistante. Mais pour cela, il faut être à l’écoute de son corps et ne pas être dans le déni.
Il faut donc déjà être conscient que cela peut nous arriver, et que pour l’éviter il faut penser que son bien-être mental passe par une activité physique régulière, même modérée. Cela libère les hormones du bien-être et apaise notre stress. La marche le midi était un de mes moyens pour évacuer mon stress et trouver des solutions. Aujourd’hui, je continue à prendre ce temps pour moi.
Un autre moyen est de participer à des réseaux professionnels qui nous font sortir de notre quotidien, de notre solitude de l’entrepreneur, pour partager, apprendre et échanger entre pairs.
Profiter d’un regard extérieur, candide sur notre activité, comme euh…un coach professionnel par exemple (j’dis çà au cas où…) pour être surpris par des interrogations qui nous font faire un pas de coté à propos de notre activité, de notre façon d’être.
Apprendre à déléguer peut aussi nous libérer du temps, de la charge mentale.
Outre notre entourage, qu’on n’écoute pas forcément, votre médecin, des psychologues et d’autres structures existent pour échanger lorsqu’on est en difficulté. C’est le cas de votre expert-comptable, votre banquier, des CCIs ou du tribunal de commerce, des associations comme le réseau CIP, l’APESA, 60 000 rebonds…
Pour cela, il ne faut pas se sentir dans l’impasse, acculé. L’humain à cette merveilleuse capacité à s’adapter, à rebondir, pour peu qu’il prenne du recul régulièrement et qu’il croit en ses capacités.
Est ce qu'il existe des outils pour évaluer son stress?
Outre les tests de Maslach, Karaczeck ou de Copenhague, l’observatoire AMAROK à repris le test de Malach Pines qui permet d’autoévaluer son stress et son degré de Burn-out.
Ils ont également édité une liste des attitudes salutogènes pour les entrepreneurs à laquelle j’ai rajouté mes quelques astuces.
Ces documents sont disponibles sur mon site internet.
Je terminerais par cette phrase d’Olivier Torrès « Il n’y a pas de bon ou de mauvais stress, il y a celui qui est subit et celui qui est choisi ».