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ChroniquesPublié le 19 novembre 2024

Ergomanie : quand le travail devient une dépendance, Floriane CAREME, Chronique Radio Balises 19 novembre

Je vous remets le contexte.. il y a quelques semaines j’ai créé les kesako du travail : ce sont les mots qui sortent un peu de l’ordinaire et qui sont en lien avec le travail bien sur, ils ne sont pas forcément nouveau dans la langue française mais peuvent l’être dans notre vocabulaire !

A la Clinique du travail nous avons à cœur de réfléchir à la place du travail dans la société d’aujourd’hui, pour cela comme tu le sais Emmanuel, nous proposons des conférences, des matinales RH, des FOCUS qui sont ouverts à tous ainsi que cette belle chronique à Radio Balises et des articles autour du travail.

A écouter sur Radio Balises : https://radiobalises.com/station/boutik-partagee-et-ergomanie/

Sommes nous ergomane?

Oui, je commence fort… ce mot m’a interpellée lorsque j’ai entendu une émission sur cette thématique à France inter.

Je vous propose donc pour le comprendre quelques définitions.

Commençons par définir ce qu’est la dépendance, car vous allez voir l’ergomanie est liée à cette notion. La dépendance c’est un rapport, une liaison étroite entre quelque chose et ce qui le conditionne, c’est l’assujettissement à une substance.

Et l'ergomanie ? C’est un trouble du comportement où le niveau d'investissement lié au travail est tel qu'il vire à l'obsession, pouvant aboutir au burn out.

En anglais on parle de : "workaolisme" mais j’ai préféré vous parler de la version française ! On retrouve pas mal de sources d’informations sur ce terme venant du Canada.

Qu'est ce que cela signifie?

Qu'après avoir travaillé, l'ergomane se sent mieux, soulagé... mais en redemande aussitôt que le premier effet commence à se dissiper. Il y a un besoin de travailler au delà de ce qui est attendu. Il n'y a pas vraiment de notion d'objectifs fixés par l'entreprise, mais plus par fixés par soi même.

Il s'agit d'une dépendance au travail, dans son excès. L’ergomane a du mal à se décrocher de ses occupations professionnelles, il s’investit à fond dans son travail au dépend de sa vie privée et de sa santé. On parle aussi d’hyper travail.

Sommes nous notre pire bourreau ?

L’ergomanie est liée à des attributions internes : personnalité, éducation... mais aussi externes une entreprise avec des objectifs, une pression, des performances attendues par l’organisation.

Il y a une sorte de cercle vicieux car la personne va travailler beaucoup et longtemps en s’y sentant obligée, pour répondre à certains standards qu’elle s’impose, son investissement sera reconnu.

Elle va donc ainsi mettre la barre plus haut, se fatiguer, être moins performante et se sentir incompétente -toujours par rapport à ses critères- et donc avoir le sentiment de devoir travailler davantage.

Y a t-il des personnalités type ?

Mieux se connaitre me semble en effet nécessaire, les outils comme le MBTI, le DISC, le RIASEC peuvent aider à mettre des mots.

La notion d’engagement est souvent excessive chez les ergomanes car l’engagement est enthousiasmant, dynamisant et peut être perçue comme euphorisant dans l’ergomanie.

Imaginez vous face à un nouveau projet : que vous inspire t-il ? comment l’appréhendez vous ? comment allez vous vous investir ? Y allez vous tête baissée même si votre contexte en entreprise n’est pas favorable ? Et quelles seront vos attentes vis-à-vis de ce projet ? quel feed back ?

L’ergomane peut donner une place envahissante à ce projet, même si le contexte de travail est négatif, la personne va sur investir le projet au dépend de sa vie privée, de sa santé.

Cela peut vouloir dire faire un nombre d’heures très importantes, attendre une approbation sociale vis-à-vis de son travail, se sentir mal dès la mise en difficulté, avoir le sentiment de devoir faire toujours plus, toujours mieux.

Selon ses objectifs en fait. Il peut y avoir une confusion entre le ressenti de la personne liée à la demande de l’entreprise et sa propre demande, ses propres attentes avec un curseur poussé à l’extrême.

Quel lien avec la place accordée au travail ?

Nous sommes dans un système qui accorde une place primordiale au travail car le travail détermine notre place sociale, notre place sociétale.

Il me semble qu’il est important de (re)définir ce qui fait que l’on peut mettre le travail au centre, ce qui entraine cette course au "plus" afin ne pas entrer dans une insatisfaction chronique et dans cette spirale infernale. Nous parlons peut être aujourd’hui plus facilement de burn out que d’ergomanie mais la notion d’hyper travail est liée nous l’avons vu : engagement, perfectionniste, rigidité ; il est peut être temps de prendre le temps de mettre le travail à sa juste place ?

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