ChroniquesPublié le 28 février 2023
✨La charge mentale, c'est quoi ? Gael CONAN Chronique Radio Balises 28 février
Lors de ma première chronique sur l’épuisement professionnel, Martine m’avait posé la pertinente question de savoir si les femmes étaient plus touchées par ce syndrome du fait de la charge mentale… Et là j’avais dit oui, sans vraiment approfondir le sujet…
Et donc aujourd’hui, vous êtes prêt à nous en parler ?
Oui, et au risque d’écorner mon image _ je vais utiliser l’exemple de la préparation de cette chronique…
La semaine passée, afin de trouver l’idée lumineuse qui ferait de cette chronique un moment sympathique de l’émission, j’ai tenté la technique dite d’ALLADIN, où le frottage vigoureux de mon crâne, devait permettre au moins le réveil du génie créatif…. Malheureusement, celui-ci était parti en vacances… Comme j’expliquais ma grande détresse à une amie de La Clinique du Travail, elle, dans sa grande bonté, m’a immédiatement parlé d’un article qu’elle avait lue et qui parlait de la charge mentale… et dans la seconde, je recevais les photos de l’article…
Voilà comment, à partir d’une question anodine, j’ai rajouté un peu de charge mentale à cette amie, qui me pardonnera, je l’espère.
Alors, pour vous rassurer Emmanuel, j’ai quand même un peu bossé depuis sur le sujet…
Donc, la notion de Charge mentale est apparue dans le dictionnaire en 2020 la décrivant comme : « Un poids psychologique que fait peser, surtout sur les femmes, la gestion des tâches domestiques et éducatives du foyer et qui engendre une fatigue physique et psychique… ».
Eh oui… qui conserve dans sa tête le rendez-vous chez le médecin du p’tit dernier, ou à quelle heure il faut aller chercher la petite à la dance, qui organise et prépare les prochaines vacances avec la destination, les réservations, … ?
Le concept ne date que de 2020 Gaël, c’est si récent que ça ?
En fait, c’est en 1984 que la sociologue du travail Monique Haicault à décrit « la charge mentale ménagère ». Elle évoque que les femmes, pendant leur journée de travail anticipaient les tâches domestiques à faire pour le soir même.
Et le mot anticipation a là toute son importance !! Et pour moi, je pense que cela date de la dernière guerre où le rôle de la femme s’est élargi lorsque celles-ci ont dû cumuler travail salarié et gestion familiale.
Comme, de plus, l’éducation familiale des filles était tournée vers la bonne tenue du foyer, on vit souvent avec des injonctions fortes comme « mon intérieur doit être toujours propre et rangé », « je dois faire des gâteaux pour la prochaine réunion d’parents d’élèves », Etc... Et cela cumulé avec celui d’être toujours souriante et performante au travail bien sûr.
Si, en plus, la personne est de nature perfectionniste et a du mal à déléguer, on a tous les ingrédients pour glisser vers l’épuisement, qu’il soit professionnel ou parental.
Et les hommes dans tout ça, leur rapport à la charge mentale c’est quoi ?
Alors autant le rôle de la femme dans la société au cours du siècle dernier à fortement évolué, l’homme quant à lui est longtemps resté dans son rôle de celui qui doit subvenir aux besoins matériels du foyer…et en gros, çà s’arrête là !!
Comme ses préoccupations et parfois angoisses sont plus axées sur ce domaine, être dans l’anticipation organisationnelle du foyer peut, pour certains, les mettre dans l’inconfort, car ces actions sont non directement rémunératrices et, à tort, considérées comme moins nobles.
Toutefois, aujourd’hui, l’évolution de la société avec les familles soloparentale ou recomposées, amène les hommes à y prendre une part plus importante.
Comment faire pour concrètement alléger cette charge mentale?
Je dirais que la première des choses qui peut aider à mieux répartir cette charge mentale, au sein du couple, va être la communication.
C’est donc pouvoir exprimer ses besoins et ressentis sans accusations ni mise en demeure. C’est instaurer un rendez-vous hebdomadaire, ou l’un et l’autre seront vraiment disponibles et à l’écoute de chacun pour discuter de l’organisation familiale à venir.
Concrètement, cela peut passer aussi par un planning des activités hebdo de la famille, aimanté sur le frigo avec qui fait quoi.
C’est aussi, pour certains, apprendre à lâcher prise sur certaines exigences, à alléger le nombre d’activités extra-scolaires, mais aussi d’éviter le présentéisme au travail pour d’autre.
Je dirais également qu’il faut aussi maintenir ces moments rien qu’à soi où on peut laisser l’esprit se poser, vagabonder….
Dernière chose, et je terminerais là-dessus, dans l’article cité au début de cette chronique, il est dit, par la neuropsychologue Sylvie Chokron « quand on dit que, contrairement aux hommes, les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois, c'est complètement faux : elles se sont forcées parce qu'elles n'avaient pas le choix. En réalité, elles ne peuvent pas plus y parvenir ni ne sont plus prédisposées que les hommes. Nous ne pouvons faire qu'une chose nécessitant de l'attention à la fois, c'est un mythe de croire le contraire."