ChroniquesPublié le 29 avril 2025
La joie au travail, Chronique Floriane CAREME Radi Balises 29 avril
Floriane CAREME
Consultante bilan de compétences et formatrice en Ressources Humaines
Quelle idée de parler de la joie au travail ?
Je vais mal commencer ...81% des salariés français arrivent le matin « au bureau » en ne se sentant pas prêts à affronter leur journée de travail, et ce en raison de leur état d’épuisement.
Selon une étude 2024 IPSOS sur la Qualité de vie au travail, 53% se déclarent désengagés et 67% se rendent au travail sans motivation.
c'est un constat difficile...
Oui ... Justement, il y a quelques semaines une adhérente du collectif de la Clinique du travail m’a soufflé à l’oreille : Floriane, le travail ce n’est pas que les risques psycho sociaux, le harcèlement, la santé mentale, la prévention … c’est aussi la joie non ?
Et quand j’ai fait le point sur les thèmes que nous abordions je me suis rendue compte que l’accroche n’était en effet pas toujours très optimiste.
Alors bien sur notre collectif réfléchit à la place du travail dans la société, à celle que celui ci occupe et occupera. Mais oui il y a bien de la joie à mettre dans le travail.
A quoi se rattacherait la joie au travail ?
La joie c’est l’engagement, la motivation, l’envie, le mieux être, l’épanouissement.
Mais la joie ce n’est pas mettre une table de ping pong ou faire un teambuilding, c’est un travail quotidien. Tu me vois venir Emmanuel avec ce distinguo du « bien être au travail lié au paraitre » et ce « bien être ancré, lié aux valeurs véhiculés dans une entreprise ».
La joie ça se cultive. C’est une émotion profonde, puissante qui peut réellement transformer notre expérience au travail.
La joie ce n’est pas forcément rire au travail, c’est un sentiment d’épanouissement.
Cela passe donc par des actes et de la collaboration.
Allez je remets une couche sur la pyramide de Maslow et les besoins à satisfaire : il y a le sentiment de sécurité d’abord, puis vient le besoin de lien, l’échange, le feed back, la reconnaissance et cela amène vers l’épanouissement. C’est-à-dire que la communication, le lien avec autrui fait partie de notre joie au travail. Tout comme les conditions de travail.
On appelle cela la QVCT : qualité de vie et des conditions de travail. Ca tombe bien, une semaine lui est consacré en entreprise du 16 au 20 juin. Mais bon, on n’oublie pas que c’est tous les jours qu’il faut y être attentif sinon vous n’aurez qu’une semaine de joie possible par an !
Tu parles de lien comme facteur de joie au travail, est-ce que le télétravail, qui est un mode d’organisation du travail répandu aujourd’hui, peut nuire à ma joie au travail ?
Je ne me ferai pas l’avocat du diable en disant que le télétravail ne permet pas la joie au travail. Mais en effet il peut aussi éteindre une dynamique collective.
Si vous travaillez sur un projet seul ou à plusieurs, rencontrer vos collègues peut être dynamisant et source de contenus. Partager en vrai, dans le réel, autour d’un temps formel ou informel est puissant et vecteur de motivation et donc de joie…
Je me permettrai de citer Simone Weil, « il semble inévitable que le corps et l’âme souffrent au travail » mais elle disait également que « l’usine [sera] un lieu de joie » dès lors que les ouvriers parviendront à changer leur rapport au travail pour faire de leur activité, la construction d’un projet collectif et ambitieux.
Après attention, je ne suis pas pro retour en entreprise pour tous, moi-même être en interaction permanente avec des collègues nuit à ma joie ! Il y a un équilibre à poser.
Au vu des attentes des salariés, le « tout retour » en entreprise aujourd’hui peut aussi être contre productif, notamment s’il n’est pas concerté, co pensé.
Tu évoques également les conditions de travail, mais c’est difficile de répondre à chacun, la joie est quand même assez personnel ? Ce qui me rend joyeux ne va peut être pas rendre joyeux mon ou ma collègue ?
Oui je suis d’accord, il y a la joie lié au talent, à l’accomplissement d’une tâche, d’un objet, d’une mission qui nous est propre.
Mais c’est aussi là toute l’agilité des managers : analyser les compétences et la motivation de chacun pour permettre une dynamique collective.
Sur un projet par exemple, via le feed back constructif, la célébration des réussites, la valorisation de chacun, le mode collaboratif. Et peut être pas par la concurrence, la compétition, le défi, la course à … Remettre du « co » au centre car même si la joie est personnelle, la vivre ensemble c’est quand même agréable ?
D’accord, il est plus agréable que les gens soient joyeux au travail, mais est ce la finalité de l’entreprise ?
Non en effet, cela reste la productivité, la performance. On sait que l’émotion de la joie libère de la sérotonine, l’hormone du bonheur et qu’elle stimule notre énergie qui nous rendra plus efficace. Pourquoi se priver de quelque chose de naturel, de gratuit qui aura des conséquences sur la productivité finalement ? Et bien sur, ce sera un gage de prévention de la santé mentale des collaborateurs, qui est rappelons le l’axe prioritaire du gouvernement pour cette année 2025.
Alors on célèbre la joie au travail ?
Oui et pas seulement avec un brin de muguet le 1er mai ! Je vous propose de venir nous rejoindre, jeudi 15 mai à la clinique du travail car justement nous fêterons le travail et la joie au travail, du travail. La rencontre de l’autre, les échanges autour d’animations proposées par le collectif du travail, cela promet un moment joyeux, je l’espère en tous les cas.
Inscription : floriane.careme@clinique-travail.fr