ChroniquesPublié le 25 avril 2023
Les RPS dans le DUERP – Décodage, Isabelle LOUIS
Emmanuel, savez-vous que les RPS doivent être intégrés au DUERP ?
Heu… en clair ?
Les RPS, nous en avons déjà parlé ici : ce sont les risques psychosociaux.
Vous savez que j’aime les définitions. Ici, ce sont :
Les risques pour la santé mentale, physique et sociale,
engendrés par une exposition
-à des conditions d'emploi,
-des facteurs organisationnels
-et relationnels en milieu professionnel
et susceptibles d'interagir avec le fonctionnement mental.
En clair, ces risques sont à la jonction de l’individu et de sa situation de travail. Et les dommages qu’ils peuvent engendrer ne sont seulement psychiques mais peuvent impacter la santé physique et la vie sociale de la personne
Pouvez vous donner un exemple ?
Oui, ce sera plus parlant :
Vous travaillez en mode projet, mais les contours de ce projet ont changé plusieurs fois depuis le début de votre mission, ce qui vous a obligé à refaire le travail, l’adapter, et vous plonge dans l’incertitude : est-ce que ça va encore changer ? Est-ce que je sers à quelque chose ?...
Cette organisation de travail est un facteur de risques ;
Les risques ici, ce seront le stress, un mauvais sommeil…
Et ces risques peuvent (ou pas) engendrer des dommages : fatigue, perte de mémoire, irritabilité, prise de poids …Voire problèmes cardiaques…
Les risques psychosociaux peuvent donc affecter de façon importante la vie de tous les jours ?.
Oui, tout autant que les risques physiques, qui sont souvent mieux appréhendés : quand vous avez une entreprise de couverture, vous savez que vos salariés vous travailler en hauteur, et vous prenez des mesures concrètes pour empêcher les chutes …
Pour les risques psychosociaux, c’est la même chose.
RPS d'accord, mais DUERP alors ?
Derrière cet acronyme barbare se cache un document essentiel pour préserver la santé des salariés : c’est le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels.
Il est obligatoire depuis 2001.
Sa formalisation est assez souple et laissée à la main du dirigeant. Il existe souvent des propositions adaptées à chaque activité, dans les syndicats professionnels par exemple.
Ce qui compte, c’est l’esprit de la loi :
Réfléchir aux risques auxquels peuvent être exposés les salariés pour
-les supprimer,
-les réduire,
-ou, à défaut (c’est ce que l’on appelle la prévention secondaire) aider les salariés à s’en protéger.
Concrètement, ça semble un gros travail. N’est-ce pas une invention bureaucratique inapplicable ?
On entend assez souvent cette critique.
Pourtant, l’idée est pragmatique :
-identifier les risques,
-en évaluer la dangerosité
-et mettre en place un plan de prévention pour les risques les plus courants et les plus graves…
On va se concentrer sur ce qui peut arriver le plus fréquemment, et qui aura des conséquences les plus lourdes.
Ce sont ces risques qui feront l’objet d’un plan d’action.
Mais comment peut on se protéger des Risques Psycho sociaux ?
Dans mon exemple du chargé de projet, réduire le risque pourrait être sécuriser le cadre du projet le fixant dès le début de la mission. Cette étape qui peut nécessiter un peu plus de temps pour la mise en œuvre du projet, permettra ensuite d’y affecter les bonnes ressources et de ne pas perdre de temps sur des changements de consignes tardifs. C’est juste du bon sens : on réfléchit un peu plus avant de se lancer, ce qui permet aux équipes d’être investies sur le bon objectif dès le départ.
C’est aussi prévoir de répartir la charge de travail habituelle du salarié qui est sur une mission…
Ça parait évident, dit comme ça, mais c’est malheureusement souvent éloigné de la réalité
Donc les RPS dans le DUERP c'est finalement une question de bon sens ?
Oui, plutôt que de subir la règlementation, pourquoi ne pas se saisir de l’opportunité de penser un peu le travail, toujours dans cette idée que j’ai souvent défendue ici : effectuer un travail épanouissant mais aussi performant, sans perdre de vue l’objectif de l’activité, mais tout en préservant sa santé.
Un salarié malade est une charge pour l’entreprise,
Et une entreprise peu performante ne permettra pas à ses salariés de s’épanouir. Finalement, on rame tous dans la même direction, non ?