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ChroniquesPublié le 31 janvier 2023

Orienter les jeunes selon leurs talents pour qu’ils trouvent leur place dans la vie professionnelle, Benoit DUBOIS

Pourquoi parler d’orientation des lycéens et des étudiants?

Nous sommes à une période de choix pour beaucoup de lycéens et d’étudiants, avec derrière l'enjeu de la préparation à la vie professionnelle.

C’est une perspective qui est largement inconnue et extrêmement variée pour tous les jeunes. Ce que je voudrais approfondir, c’est donc la question de ce qu’on va faire dans la vie professionnelle et comment cette question se présente quand on a 17 ou 18 ans... Beaucoup de professionnels que j’accompagne reviennent sur ce moment 10, 20 ou 30 ans plus tard. Pas forcément pour regretter leur parcours d’étudiant, mais parce que c’est le début d’une quête, celle qui conduit à trouver sa place, celle du sens qu’on donne à sa vie en général et à son travail en particulier.

Donc vous nous invitez à prendre de la hauteur avant de se ruer sur ses dossiers d’inscription?

Pas forcément longtemps avant, mais aussi en même temps, et surtout encore après !

Il peut arriver qu’on ait dès ses 16/17 ans une idée assez précise de métier, quasiment un projet professionnel même, avec une idée qui a eu le temps de murir, de se stabiliser, de se préciser. Dans ce cas, c’est génial, il n’y a plus qu’à se donner les moyens de le mettre en oeuvre.

Le plus souvent, on change d’idées tous les 3 à 6 mois et il faut bien dire que ça inquiète un peu les parents... Et puis il y a les jeunes qui ne savent vraiment pas ce qu’ils veulent faire, ils savent mieux ce qu'ils ne veulent pas faire, et c’est déjà bien! En fait, ces jeunes touchent du doigt les questions existentielles qu’il y a derrière notre rapport au travail: quel est mon talent? Est-ce que j’ai une place dans cette société? Est-ce que je peux être utile? Est-ce que je vais m’accomplir, c’est-à-dire devenir qui je suis, par mon travail? Ils savent inconsciemment qu’il y a un sujet important, qui concerne toute leur vie, et auquel ils ne peuvent pas répondre précipitamment

C’est un peu vertigineux ces questions existentielles. Comment les aborder?

Il ne faut surtout pas dramatiser, mais beaucoup dialoguer, surtout entre les parents et leur fille ou leur fils. Commençons par le jeune.

Il - ou elle ! - a des talents qu’il ignore souvent et des désirs qu’il ne s’est pas avoué ou n’a pas encore découvert. Mais il ou elle a très certainement comme un cadeau à offrir au monde par son travail et c’est en étant reconnu utile, efficace, compétent qu’il sera heureux grâce à son travail. Le problème c’est qu’il y a aussi des freins ou des injonctions contraires, alors s’il y a des jeunes qui nous écoutent, j’ai envie de leur dire : faites-vous confiance, soyez attentifs à ce que vous avez au fond du coeur, c’est vous qui avez la solution sur mesure pour construire votre propre bonheur.

Ma conviction est que nous avons tous quelque chose de singulier à construire et que nous pouvons être heureux dans notre travail en mettant en action cette singularité, en nous accomplissant. Ce qui est difficile, c'est de découvrir et parfois d’accueillir cette singularité, cette identité. C’est pour cela que certains jeunes vont se fixer trop vite sur quelque chose de concret, mais que ça ne va pas durer, et d’autres procèdent par élimination assez lente, et sans enthousiasme pour ce qu’ils n’ont pas encore écarté.

Et en ce qui concerne les parents?

Ils ont deux rôles fondamentaux, l’un qui serait paternel et l’autre maternel, pour aider leur enfant à se découvrir et à s’accueillir à cet âge où la construction de soi n’est pas terminée.

La figure paternelle a le rôle de nommer, de dire au jeune quels sont ses talents, de la ou le confirmer dans sa capacité à faire ce qu’elle veut faire, dans son potentiel d’accomplir ce qu’il se sent appeler à faire.

Le côté maternel a le rôle d’accueillir cette personnalité professionnelle qui se révèle peu à peu, peut-être de rassurer, si possible de s’émerveiller.

Les parents n’y connaissent en général à peu près rien en orientation mais ils connaissent bien leur enfant et veulent principalement qu’il soit heureux dans sa vie.

Et les conseillers d’orientation ou les enseignants, quel rôle ont-ils?

En principe, les professeurs s’inscrivent dans le rôle paternel en confirmant les jeunes dans leurs talents, et ils peuvent valider un choix d’orientation. En revanche, il ne faut pas attendre d’eux ce qui n’est pas leur métier, celui de conseiller d’orientation. Ceux-ci ont un rôle qui va de l’information sur tout ce qui existe comme études et formations, c’est parfois très utile, au rôle d’accompagnant dans cette démarche de découverte de soi, dans le début de cette quête de sa place dans le monde.

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