ChroniquesPublié le 11 décembre 2024
Traverser le deuil d'un travail, Angele MONTREAL Chronique Radio Balises, 10 décembre 24
Perdre son travail, c’est bien plus qu’une perte financière. Le travail structure nos journées, donne un sens à nos actions. Quand on perd son travail, c’est tout un équilibre qui vacille. Même si ce mot peut sembler fort, c’est un deuil, avec ses étapes, ses émotions, ses défis.
En écoute : https://radiobalises.com/station/apprentissage-au-greta-et-le-deuil-du-travail/
Les étapes
La perte d’un emploi suit souvent un parcours émotionnel décrit par la courbe du deuil de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross. Cette approche identifie plusieurs étapes, qui peuvent se succéder ou parfois se chevaucher :
1.Le choc : On est sonné, presque incrédule.
2.Le déni : On espère que la situation va s’arranger d’elle-même.
3.La colère : Contre l’employeur, contre le système, ou même contre soi-même.
4.La négociation : Une tentative de trouver des solutions, parfois irréalistes, pour revenir en arrière.
5.La tristesse : Une phase de découragement profond, souvent accompagnée d’un sentiment d’échec.
6.L’acceptation : Peu à peu, on envisage l’avenir avec un regard plus ouvert.
7.La reconstruction : Une étape où l’on commence à mettre en œuvre des actions concrètes pour avancer.
Sont elles les mêmes pour tout le monde ?
Non, elles dépendent de chaque individu et de son contexte. Certaines personnes avancent rapidement, tandis que d’autres peuvent rester bloquées dans une phase plus longtemps. Ce qui est certain, c’est que reconnaître ces étapes aide à normaliser ce qu’on ressent.
Il est aussi important de comprendre que la manière de vivre ce deuil dépend de nombreux facteurs.
La manière de vivre ce deuil dépend de nombreux facteurs :
•L’âge : À 25 ans, perdre un premier emploi est certes vécu comme un revers, mais plus facilement relativisé car vu comme une période temporaire ; alors qu’à l’approche de la retraite, cette perte peut être vécue avec plus d’inquiétude, car elle peut remettre en question la perception de sa place dans le monde du travail.
•Le genre : Les attentes sociales jouent un rôle. Les hommes ressentent souvent une pression à "tenir bon" financièrement, tandis que les femmes jonglent avec plusieurs rôles, ce qui peut amplifier la charge mentale.
•La situation sociale peut également être impactante, rendant l’accès aux solutions (formations, accompagnements) parfois plus difficile.
•Le contexte culturel : Les réactions au deuil varient selon les cultures. Dans certaines cultures, perdre son travail est perçu comme un échec individuel, un tabou. Ailleurs, il est davantage accepté comme une étape de vie.
Chaque individu vit donc cette épreuve en fonction de son environnement et de ses propres ressources. Le contexte dans lequel cette perte se vit influence ses répercussions. En fonction des facteurs personnels, ce deuil peut affecter divers aspects de notre vie :
•Émotionnel : Tristesse, colère, culpabilité ou anxiété. Ces émotions, fluctuantes, peuvent déstabiliser.
•Physique : Fatigue chronique, insomnies, ou troubles somatiques liés au stress.
•Cognitif : Difficultés à se concentrer, confusion mentale, ou incapacité à planifier.
•Comportemental : Certains s’isolent ou évitent les interactions sociales, tandis que d’autres compensent par une hyperactivité.
•Relationnel : Les tensions avec les proches ou l’éloignement d’amis peuvent accentuer le sentiment de solitude.
Comment avancer dans ce contexte difficile ?
Voici quelques pistes pour avancer :
•Exprimer ses émotions : Ne gardez pas tout pour vous. Parler allège souvent le poids des émotions. Parfois, cela peut être avec des collègues, des amis, ou même des professionnels.
•Repenser ses priorités : Cette période peut être l’occasion de réfléchir : quelles sont vos envies, vos compétences, vos aspirations ?
•Prendre des mesures concrètes : Des objectifs simples – mettre à jour un CV ou rechercher une formation – peuvent redonner un sentiment de contrôle.
Chaque pas, même petit, est une étape vers la reconstruction.
Et puis il arrive également que l’on soit témoin de ce deuil professionnel chez des proches.
Pour soutenir une personne touchée par cette perte, voici quelques suggestions :
•Écoutez sans juger : Laissez l’autre exprimer ses émotions sans chercher à donner des solutions immédiates.
•Certaines personnes veulent parler, d’autres préfèrent le silence. Soyez attentif aux besoins qu’ils expriment.
•Soyez présent : Une attention simple, comme un appel ou un geste bienveillant, peut suffire à briser le sentiment d’isolement.
•Ne minimisez pas la situation : Évitez les phrases comme « Ce n’est pas si grave » ou « Tu trouveras vite autre chose. » Ces remarques, bien que bien intentionnées, peuvent être perçues comme un déni de la souffrance réelle que traverse la personne.
En résumé, le deuil d’un travail est une épreuve complexe, particulièrement dans le monde d’aujourd’hui. Alors, prenez soin de vous, osez demander de l’aide, et rappelez-vous : chaque crise, aussi difficile soit-elle, peut devenir un point de départ. Soyez indulgents envers vous-mêmes. Ce n’est pas nécessairement un échec, mais peut être une transition.